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LES CYGNES SAUVAGES.

veillait alors que les autres dormaient. « Enfin, se dit-il à lui-même, j’ai la preuve que je disais vrai en accusant la reine de n’être pas tout à fait ce qu’elle devrait être. Évidemment ce n’est qu’une sorcière, et encore une des plus méchantes sorcières qui se puissent rencontrer. Voilà ce qui explique comment elle a su gagner si vite le cœur du roi et l’affection de tout son peuple. »

Le chancelier ayant eu occasion d’accompagner le roi à la sainte messe lui raconta en route ce qu’il avait vu, puis lui répéta de nouveau dans l’église ce qu’il avait tout lieu de craindre et de soupçonner. Quand ces cruelles paroles s’échappèrent de ses lèvres, les statues de saints adossées aux murailles et aux piliers de l’église semblèrent secouer leurs têtes, comme pour dire : « Non ! il n’en est pas ainsi ; et Elfride est innocente ! » Mais le chancelier donna à ce fait surnaturel une tout autre explication ; il y vit la preuve de la culpabilité de la reine, et il dit que ces muettes statues n’avaient ainsi remué la tête que pour témoigner de l’état de péché d’Elfride.