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LES CYGNES SAUVAGES.

Deux grosses larmes coulèrent le long des joues du bon roi. Il s’en revint chez lui avec tous les tourments du doute dans le cœur ; et la nuit, il fit semblant de dormir, encore bien que le paisible sommeil se refusât à fermer ses paupières appesanties. Il vit alors comment Elfride se relevait, et remarqua que toutes les nuits elle en faisait autant. Il la suivait toujours en silence, et la voyait constamment se glisser sans bruit dans la petite chambre qui ressemblait tant à la grotte, puis en refermer soigneusement la porte après elle.

De jour en jour le visage du roi devenait plus sombre. Elfride souffrait en secret de ce changement, mais elle ne pouvait en deviner les motifs ; et que ne souffrait-elle pas non plus dans le plus profond de son cœur en songeant à ses malheureux frères qui pendant ce temps-là planaient toujours au plus haut des airs, loin de sa vue, sous la forme de cygnes sauvages ! Ses larmes coulaient en abondance sur la pourpre et le velours de ses vêtements royaux ; elles y restaient semblables à de brillants diamants, et tous ceux qui voyaient