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L'ANGE.

jusqu’à sa croisée, si basse, si renfoncée ! Quant à la fleur, dans sa tranquille croissance elle se développait par degrés avec ses rêves. C’était pour lui seul qu’elle déployait la plénitude de cette beauté que d’autres ne regardaient qu’avec dédain. C’était pour lui seul qu’elle s’épanouissait et qu’elle exhalait une si douce odeur. C’était son cœur, c’étaient ses yeux dont elle faisait seule le bonheur ; aussi au moment d’expirer, quand Dieu le rappela enfin à lui, le pauvre enfant s’efforça-t-il par un dernier effort de regarder encore une fois sa fleur chérie. Il y a déjà un an que ce petit enfant est réuni à Dieu. Pendant toute cette année la fleur est restée oubliée sur la fenêtre. Tout naturellement alors elle a dépéri, et enfin quand les habitants du rez-de-chaussée ont quitté la maison, ils l’ont jetée dans la rue avec les balayures. C’est précisément cette même fleur, cette pauvre fleur flétrie, que nous avons placée dans notre bouquet. Elle a été en effet la source de joies bien plus vives que les fleurs les plus magnifiques dans le jardin d’une reine. »