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ÉLISE.

Alors ils prirent tous deux le joli petit lit et partirent avec à la nage, tandis qu’Élise restait toute seule sur sa feuille, poussant de grands cris ; car elle ne se réjouissait pas du tout de vivre désormais avec cet affreux crapaud, et bien moins encore d’avoir son odieux fils pour mari. Mais ne voilà-t-il pas que les petits poissons qui nageaient sous l’eau avaient vu le crapaud, et qui plus est, qu’ils avaient parfaitement entendu tout ce qu’il venait de dire ! Ils élevèrent donc leurs têtes au-dessus de l’eau, afin d’apercevoir la charmante petite créature. À peine l’eurent-ils entrevue, que tous sans exception, se sentirent émus à l’aspect de tant de grâce et de beauté ; et il leur parut bien dur qu’une si jolie fille devînt la proie d’un horrible crapaud.

Ils se rassemblèrent en conséquence autour de la tige verte de laquelle s’échappait la feuille où se trouvait Élise, et firent tous si bien avec leurs dents qu’ils l’eurent bientôt rompue en deux. Alors la feuille et Élise s’en allèrent bien loin, bien loin, portées par le courant là où le crapaud ne pouvait plus venir.