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ÉLISE.

Pendant tout l’été la pauvre petite fille vécut seule dans la grande forêt, et elle s’y fit elle-même un lit avec l’herbe la plus fine. Elle le suspendit à un rocher, sous une vigne vierge, afin qu’il ne fût point entraîné au loin par le vent et par la pluie. Elle recueillait pour sa nourriture le parfum des fleurs et buvait la fraîche rosée qui tous les matins couvre l’herbe. Tout l’été et tout l’automne se passèrent ainsi. Puis les oiseaux qui avaient fait entendre de si douces chansons à Élise la quittèrent et s’en allèrent bien loin. Les arbres perdirent leur vert feuillage ; les fleurs dépérirent, et la grande vigne sauvage qui jusqu’alors lui avait servi d’abri s’évanouit en une tige jaune et desséchée. La pauvre petite créature tremblait de froid, car maintenant ses vêtements étaient tout usés, et ses formes étaient si mignonnes, si délicates, qu’elle devait très-certainement finir par périr de froid. Il commença aussi à neiger, et chaque flocon qui la touchait était comme un immense monceau pour nous autres, car, vous vous en souvenez sans doute, tout son corps n’avait pas plus d’un pouce de longueur.