cale stricte apportée à l’étude du grec et du latin. Elle ne peut pas donner le sentiment de la beauté hellénique. Mais elle donne la notion de la faute et la notion de la règle. L’habitude de la version affine le sens des nuances et, sans nous apprendre à écrire avec originalité, nous apprend l’art de lire en artistes [1]. Le sentiment que nous avons de la langue maternelle bénéficiera de cette rigoureuse habitude de la propriété des termes et des tours de phrases. Cet entraînement peut se comparer aux exercices d’assouplissement dont on use dans l’armée pour faire décomposer au fantassin les actes musculaires dont se compose le moindre mouvement, celui de marcher par exemple, afin qu’il en refasse, par une recomposition consciente, mais qui deviendra une seconde nature, un apprentissage d’où il sortira plus fort et plus sûr de lui [2]. On ne peut demander au lycée que cette gymnastique préalable.
Mais il y a lieu de demander plus aux Universités ; et ici la sévérité de Nietzsche se charge d’amertume. Indulgent au lycée, il n’admet pas que l’esprit du lycée se prolonge dans l’âge mûr. Or, cet état d’esprit envahit l’Université avec une présomption qui, à elle seule, l’empêcherait de se guérir. Les étudiants y entrent, désorientés, mais suffisants. Les voici en possession de cette légendaire « liberté académique », dont l’Allemagne s’enorgueillit et qui lui tient lieu de toutes les autres libertés. Ils choisissent d’écouter le guide qui leur plaît ou de n’écouter personne. La beuverie continue est leur droit : ils en usent. Puis brusquement, on les voit encaqués dans les amphithéâtres, et qui écoutent avec rage, parce qu’il faut aboutir aux examens, qui donnent le gagne-pain.