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LE GOUVERNEUR

choir blanc. Le temps était froid et pluvieux et la nuit assombrie par une épaisse brume automnale ; l’opacité des ténèbres faisait sentir combien le soleil était lointain et caché pour longtemps. À gauche, devant le perron, deux grandes lanternes à réflecteurs brillaient, leur éclat perçait l’ombre sans la dissiper ; elle restait épaisse, pesante, immobile. La ville dormait déjà sans doute, car, dans toute la rue, il n’y avait point de fenêtre éclairée ; personne ne passait. Quelque chose reluisait vaguement sous un réverbère, une flaque d’eau peut-être. Le lycée était vide depuis longtemps ; sans doute la petite fille, après avoir étudié ses leçons, s’était couchée et dormait quelque part, dans cette étendue noire et pleine de silence. C’est de là que venaient les menaces et les lettres, c’est de là que viendrait la mort — mais c’est là qu’il y avait une enfant endormie, qui le pleurerait.

Comme tout était calme, sombre, paisible !