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LE CAPITAINE EN SECOND KABLOUKOF

en désignant du regard une tasse à thé aux couleurs criardes, propriété de Koukouchkine, et que celui-ci avait placée sur la table, en même temps qu’un carafon d’eau-de-vie et des sardines… Tu veux un verre ?… Et le capitaine baissa les yeux.

— Oui.

— Eh bien, tu es un imbécile ! Prends-en un chez la propriétaire.

Tandis que le soldat, accroupi, essayait d’allumer les bûches humides et couvertes de neige à leur extrémité, avec de l’écorce de bouleau, tout en se brûlant à chaque instant, le capitaine examinait sous tous leurs aspects les plans qu’il avait formés pour le lendemain soir. Les festivités qui approchaient demandaient à être célébrées d’une manière quelconque, et le capitaine avait résolu d’organiser une petite fête, qui n’était certes pas destinée au sexe féminin, à en juger d’après la quantité des boissons. D’ailleurs le beau sexe n’entrait plus en ligne de compte depuis longtemps déjà pour le capitaine, car il ne considérait pas comme des femmes les dames du régiment avec lesquelles il jouait aux cartes, et il n’avait pas l’occasion d’en voir d’au-