Page:Andreïev - Nouvelles, 1908.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA VIE EST BELLE POUR LES RESSUSCITÉS

Vous est-il arrivé de vous promener dans des cimetières ?

Dans ces coins de terre emmurés, étroits et paisibles, pleins d’herbe épaisse, il y a une poésie troublante et toute particulière.

Jour après jour, on y amène de nouveaux morts ; l’énorme ville bruyante et grouillante est déjà tout entière transportée là, et la cité renouvelée attend son tour d’y venir. Aussi les cimetières ne changent pas, toujours également petits, paisibles et avides. Ils ont une physionomie à eux ; il y règne un silence étrange ; le bruissement même des arbres s’y transforme et devient élégiaque, pensif et doux. On dirait que