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LE GOUVERNEUR

nomination et il avait été approuvé par le ministre ; ce fut de cette époque d’ailleurs qu’avait daté la carrière brillante et rapide d’Alécha, qui attira l’attention comme fils d’un homme énergique et actif. Il se souvenait vaguement — car l’affaire était ancienne — que les paysans s’étaient emparés du blé appartenant à un propriétaire foncier ; il s’était rendu sur les lieux avec des soldats et avait repris le blé aux campagnards. Il n’y avait rien eu de menaçant ou de terrible, c’était plutôt stupide et amusant. Les soldats traînaient des sacs remplis de grains, les paysans tâchaient de reprendre lesdits sacs, mais ils étaient entraînés eux aussi sous les rires et les plaisanteries des soldats et des gendarmes égayés. Puis, ils s’étaient mis à gémir, en faisant des gestes sauvages et en se heurtant comme des aveugles contre les clôtures, les murs et les soldats. Un paysan auquel on avait pris un sac, cherchait dans l’herbe, d’une main tremblante, une pierre qu’il pût jeter. Mais comme il n’y avait pas de cailloux à un kilomètre à la ronde, il cherchait en vain ; et sur le signe d’un chef, un agent de police lui avait