Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/35

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proportionnées à l’intention de la nature, qui est la trituration, se dissoudront imparfaitement. De-là, continuë l’Auteur, on apperçoit déja quelle sorte d’alimens est préferable à l’homme[1] (il veut dire sans doute, plus convenable à l’homme) ce ne seront pas les chairs des animaux, mais d’autres matieres qui auront plus de disposition à être broïées & pétries pour mieux passer dans cette liqueur laiteuse qui doit faire le sang : or rien n’a tant de pente à se fondre, en un suc laiteux, que les sémences & les grains qui sont aussi les choses du monde qui se broïent le mieux sous la meule.

» L’estomac, ajoûte-t-il[2], secondé des muscles voisins, se trouve par sa force au dessus de celle du cœur, & surpasse de beaucoup celle des machoires : or une force comme celle-là, qui ne paroît faite que pour broïer, peut-elle ne point prouver que les alimens les plus sains & les plus naturels, sont ceux qui se laissent mieux briser ? & par consequent, que les semences, les grains, &c. sont la meilleure de toutes les nourritures. »

L’Anonyme s’étant bien douté que les Medecins, prévenus en faveur de la fermentation, & persuadez que la dissolution des alimens dans l’estomac s’accomplit par l’entremise des le-

  1. Pag. 16. de la 1. édit. & p. 26. de la 2. t. 1.
  2. Pag. 17. de la 1. édit. & p. 26. de la 2. t. 1.