Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/226

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suc de la pomme cruë, ainsi que le remarque Galien[1], bout & fermente dans l’estomac, comme le vin qui sort de la cuve. Ce suc est composé de parties extrêmement fines, mais indigestes, lesquelles, par le moïen des arteres, se distribuënt à toute l’habitude du corps ; en sorte que si on mange beaucoup de pommes cruês, il est difficile que la fermentation excessive qu’elles causeront, jointe à la crudité de leur suc, ne trouble la circulation du sang, & que les principaux visceres n’en souffrent. C’est ce qu’un sçavant Medecin[2] assure avoir éprouvé en sa personne, pendant plusieurs années. « J’ai, dit-il, toûjours aimé les pommes cruës ; & pour m’être accoûtumé à en manger tous les jours à mon dessert, tant à souper qu’à dîner, je suis sujet depuis plus de vingt ans à une palpitation de cœur, dont j’ai moderé le progrès, en me faisant tirer du sang sur la fin de l’Automne, & en mangeant moins souvent des pommes cruës. Je les évite sur tout à souper, aïant observé que lorsque j’en mangeois beaucoup alors, je ne manquois pas la même nuit d’être attaqué une ou deux fois de l’Incube[3]. Nous

  1. Galen. simp. ex eod. Hofman. apud eund. Simon. Paul. ibid.
  2. Simon Paul. Quad. Botan. class. 2.
  3. autrement l’Ephialte ou Cochemar.