Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/27

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nous pour la pensée des autres, qui supposent que l’Eglise, en ordonnant aux Fideles l’usage du maigre en certain tems, leur ordonne ce qu’il y a de plus propre pour les nourrir, pour les fortifier, & pour les engraisser. Nous tâcherons ici de détruire une opinion, qui non seulement est opposée aux principes de la bonne Physique, & à l’experience, mais qui loin d’être favorable au Carême, n’iroit pas moins, si elle avoit cours, qu’à rendre l’abstinence même suspecte à la pieté Chrétienne.

Le propre de l’aliment est de reparer la substance du corps à mesure qu’elle se dissipe, & une nourriture qui remplaceroit sans déchet cette perte, nous rendroit immortels, puis que nous ne vieillissons que parce que nous perdons plus que nous ne reparons. Sur ce principe, l’aliment le plus parfait sera celui dont les parties auront le plus de disposition à se tourner en nôtre substance, non en cette substance superfluë, qui ne va souvent qu’à grossir inutilement le volume du corps, & qui loin d’entretenir les forces, ne sert qu’à les accabler ; mais en cette humeur balsamique, qui fait le soûtien de la vie, & d’où les sucs qui nous composent tirent toute leur vertu. Or un aliment, pour être pro-