friable, sans dessécher ; son suc frais, sans morfondre[1] ; de la nature enfin d’une lymphe ou d’une gelée legerement épaissie, comme seroit celle qui entretient la vie. Par toutes ces raisons, poursuit l’Anonyme, le poisson doit être ami de tous les visceres, proportionné à toutes nos liqueurs, analogue aux esprits mêmes, le plus sur, par consequent, de tous les alimens. »
Il n’y a qu’un moment que les fruits & les legumes l’emportoient par dessus tous les autres alimens ; rien tout-à-l’heure ne prouvoit mieux l’excellence de cette nourriture, que le choix qu’en avoit fait le Créateur lui-même, en apprenant à l’homme, dont il connoissoit si bien les besoins, à vivre de fruits & de legumes, & lui interdisant l’usage de la viande & du poisson[2], comme d’alimens bien moins sains & bien moins naturels. Tout-à-l’heure les fruits & les legumes fournissoient des sucs innocens : ils étaient sains, nourrissans, & préferables à tout le reste[3]. A present c’est tout le contraire, les poissons l’emportent,