Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/322

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qué ; & quoi-qu’il témoignât ne pas connaître l’Auteur du Traité des Dispenses, le soin avec lequel il prit son parti, fit juger le contraire. On ne perdit pas l’occasion de lui demander quel sens raisonnable on pouvoit donc donner à ces paroles, exclamare libet, &c. en supposant que c’étoit le poisson qui dévoroit l’homme ? Et il fit la réponse suivante, qui laissa voir aisément qu’il n’avoit pas l’Epigramme de Martial, & qu’il s’en sçavoit que les deux Vers en question, où il lisoit aussi Callidiore ! Ne soupçonnant pas qu’il dût y avoir autrement. Le poisson, dit-il, étant si cher, qu’il ruinoit les acheteurs, on pouvoit dire en quelque sorte qu’il dévoroit les hommes qui le mangeoient ; & c’est ce que veut faire entendre Martial, quand il dit :


Non est hoc, improbe ! non est
    Piscis. Homo est hominem Callidiore ! voras.


Car, reprit-il, voici ce que signifient ces paroles : non méchant, improbe ! c’est-à-dire, prodigue, dissipateur : non ce n’est pas-là un poisson, c’est un homme, & un homme rusé, qui a plus de finesse que toi, puisque tu en es la duppe. Toi donc, ô rusé poisson, Callidiore ! il faut avoüer que tu jouës bien