Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/485

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jusqu’à ce qu’on ait de meilleures preuves pour se persuader que ces animaux sont veritablement chair, on pourra à l’avenir, comme par le passé[1], s’en tenir aux raisons simples & naturelles, qui prouvent le contraire. Ces raisons, au reste, sont clairement développées, dans une Dissertation sur le Pilet, composée depuis quelques années, à l’occasion d’une dispute qui s’éleva sur cette matiere, entre une célébre Communauté, & un Religieux zelé, que son zele neanmoins porta un peu trop loin, ainsi qu’on le verra.

Comme cette Dissertation a demeuré jusqu’ici sans être publique, & qu’elle peut beaucoup servir à éclaircir la question dont il s’agit, nous la communiquerons ; mais auparavant il est bon de dire un mot de ce qui en a été l’occasion.

  1. Voici comment s’explique là-dessus un sçavant Pere de l’Oratoire, en écrivant à un Prélat de distinction.

    Quand il plaira aux Evêques de s’accorder sur ce point, ils pourront interdire les Macreuses, comme n’étant pas des poissons, aussi bien que les Loutres, qu’on défend en quelques Diocéses ; mais jusqu’alors, n’en déplaise à Monsieur… les Fideles pourront manger sans scrupule des Macreuses, qui se vendent publiquement au Marché avec le poisson, sans que l’Église ou la Police y trouvent à redire. On les regardera comme des oiseaux tout-à-fait marécageux, qui se nourrissent comme les poissons, leur ressemblent en quelque maniere, & qui ne vaudront jamais nos Thons & nos Palamides.