Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/54

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fet du broïement ; que la remarque qu’il fait un peu plus bas, pour prouver la nécessité des dispenses, sçavoir, qu’il y a des estomacs qui digerent la viande, & qui ne peuvent digerer le maigre[1]. En effet la viande étant, selon lui, plus difficile à broïer que les alimens maigres, il s’ensuivroit, si la digestion étoit l’ouvrage du broïement, qu’un estomac qui digereroit la viande, devroit à plus forte raison digerer le maigre, & que celui qui ne pourroit digerer le maigre, viendroit encore moins à bout de digerer la viande ; en sorte que ce seroit une mauvaise raison pour manger de la viande en Carême, que de ne pouvoir digerer les viandes même de Carême.

Il ajoûte que les legumes se broïent mieux que la viande, d’où il conclud qu’ils se digerent mieux ; mais d’où vient donc que les estomacs délicats digerent plus facilement la viande que les legumes ? Car si ces estomacs ne sont délicats, que parce qu’ils n’ont pas assez de force pour faire un broïement parfait des alimens, il faut necessairement que la cause de la digestion ne consiste donc pas dans le broïement. Que les legumes se digerent moins facilement dans l’estomac des personnes foibles & délicates ; c’est ce qu’on ne sçauroit nier, & ce que nôtre

  1. Page 230. de la 1e. édit. & p. 402. de la 2e. tom. 1.