Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il y a donc une inanition dangereuse, compatible néanmoins avec une grande quantité de sang ; c’est à l’Anonyme à montrer que dans les femmes grosses ou nourrices, le jeûne du Carême ne sçauroit jamais produire cette dangereuse inanition, car c’est en cela précisément que la question consiste : mais, sans nous arrêter aux raisonnemens d’un Auteur qui écoute si peu l’expérience, nous dirons en général qu’il est dangereux de faire jeûner exactement pendant le Carême, une femme grosse ou nourrice, mais sur tout une femme grosse, parce qu’il est à craindre qu’en jeûnant, elle ne dérobe trop à son enfant, de la nourriture dont il a besoin. Cette crainte est fondée sur un fait de remarque, qui est que l’enfant dans le ventre de la mere, croît dix mille fois plus vîte qu’après sa naissance. La supputation en est facile, & bien loin qu’on doive soupçonner ici quelque exageration, on peut dire qu’à examiner les choses avec exactitude, la vîtesse de cet accroissement va encore plus loin : par où on voit que les sucs nourriciers, dont l’enfant a besoin au ventre de sa mere, doivent être trés-abondans, & c’est ce qui fait que la plûpart des

    viscera subsidunt, nec turgent ut à quotidianas refectione. Lister. ibid. cap. 28.