Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/190

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qu’il déclare lui-même, un peu plus haut, que le jeune ne subsiste plus, quand on mange souvent. Saint Gregoire, dit-il, témoigne dans ses Dialogues, la peine qu’il ressentoit d’une infirmité qui l’obligeoit à manger souvent, & qui le privoit par conséquent de la consolation de jeûner. La raison que notre Auteur apporte pour prouver que ces quatre repas ne rompent pas le jeûne est admirable ; c’est qu’on en sort avec la faim, & que c’est jeûner que d’avoir toûjours faim. Mais croit-il que le petit morceau de pain, que les Directeurs accordent aux infirmes dans le besoin, ôte plus la faim que ne fait un petit repas, pour petit & leger qu’il soit ?

Ce qu’il ajoute dans la suite n’est pas moins singulier ; c’est que la perfection du jeûne, au jugement des plus habiles maîtres en spiritualité, consiste à demeurer sur son appétit aprés le repas. Voilà un sentiment bien peu rigide, pour un homme qui veut paroître si sévere ; car enfin, on peut faire une collation beaucoup plus forte qu’il ne convient pour le jeûne, & demeurer néanmoins sur son appétit. Il faut avouer que l’Auteur met là sur le compte des plus habiles maîtres en spiritualité, une maxime bien indigne d’eux. Quotidianam refectionem quotidiana comi-