Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/213

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à discretion ; on pourra donc, reprend-il, boire autant que manger, & c’est par conséquent vingt onces de nourriture, dont ils font présent pour ce repas. Mais c’est outrer l’indulgence, puisque vingt onces de nourriture suffiroient en rigueur pour la nourriture d’une personne pendant vingt-quatre heures. »

Nous observerons là-dessus que ces Auteurs, qui ont accordé huit ou dix onces d’aliment solide pour la collation, sont des Auteurs d’Espagne, & qu’en Espagne, aussi-bien qu’en quelques autres Païs, la livre est plus petite que la nôtre. En Provence, par exemple, dix onces n’en valent que huit de Paris, & huit n’en valent guéres que six. Or si quelqu’un trouve que six onces de Paris, & quelquefois même huit, que l’on s’accorde ordinairement à la collation, soit un excés, il doit s’en prendre, non aux Casuistes, mais à la plûpart des Communautez, même les mieux reglées, tant Séculieres que Régulieres, sur lesquelles on ne sçauroit trouver à redire, que les gens du monde veüillent prendre exemple. En effet, quel meilleur modéle pourra-t-on proposer aux familles pieuses ? A la vérité, on pourra leur dire historiquement, que Saint Charles ne permettoit à ses Domesti-