Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/241

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noître combien le tabac peut être dangereux, que les maux qu’il cause lorsqu’on en avale imprudemment ou la fumée, ou la poudre, ou le suc. Je ne sçai quel venin secret se fait aussi-tôt sentir au dedans. L’estomac est ébranlé par des nausées, & renversé par des vomissemens. Le cerveau est attaqué de vertiges, la tête devient chancellante, les yeux s’obscurcissent ; le corps gémit sous divers accés de chaud & de froid ; le cœur, presque sans action, refuse aux parties le sang & les esprits dont elles ont besoin. Comment le tabac pourroit-il causer tous ces ravages, s’il ne renfermoit que des principes innocens ? Il ne faut donc pas, sous prétexte des biens qu’il peut produire, s’y trop accoûtumer. Il décharge utilement par le nez & par les oreilles, comme nous l’avons remarqué, les humiditez surabondantes ; mais il ne faut pas croire pour cela qu’il soit à propos d’en prendre sans cesse ; car il y a plusieurs dangers à craindre de cette conduite. Le premier, qu’en détournant trop par la bouche & par le nez les sérositez superfluës, qui ont coûtume de se décharger par la transpiration insensible, & par les autres voïes générales, on ne détruise à la fin l’organe de l’odorat. Le nez est