Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/356

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que le vin fit tout en cette rencontre, & que le poisson à quoi le Sultan recourut, par le soupçon qu’il eut que cette nourriture seroit peut-être plus favorable à son intention, ne servît néanmoins de rien ? Il semble au contraire, que l’Anonyme auroit dû, suivant son principe, tirer tout une autre conséquence. En effet, puisqu’il dit ailleurs que l’eau est si contraire à la continence, qu’on ne peut demeurer long-tems chaste, si on ne la boit avec mesure ; que l’eau renferme un principe de fécondité qui la doit justifier dans l’esprit de ceux qui la croïent sans force & sans action ; que « le poisson approche plus de la nature de l’eau, que la viande ; qu’il s’associe mieux avec l’eau ; & que par le moïen de cette boisson, il se tourne mieux en nourriture » : il s’ensuit qu’il auroit dû conclurre, au contraire, que le Sultan auroit pris un moïen encore plus sûr, pour vaincre la vertu de ces Moines, si en leur donnant du poisson, au lieu de viande, il eût continué de leur faire boire de l’eau.

Nous passons plusieurs autres endroits, où l’Auteur se déchaîne contre le vin, jusqu’à implorer contre l’usage de cette boisson, l’autorité des Magistrats. Il fait à peu prés en cette rencontre, à l’égard du vin, ce qu’il re-