Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/385

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dans les caffez publics, où on pourroit se laisser aller à l’excés de cette liqueur, il y a des valets qui ont soin de distribuer aux bûveurs des graines de melon. »

Voilà le caffé bien-tôt métamorphosé en une boisson desséchante ; mais deux lignes plus bas, le voici qui redevient rafraîchissant. Le caffé rafraîchit en Eté[1], il appaise la soif, guérit les fiévres, il est le correctif du vin, si sujet à dessécher le foïe, les poumons & les nerfs. L’Anonyme fait ici à l’égard du caffé, ce qu’il a fait à l’égard des avelines, qui deux lignes plus haut rafraîchissent & engraissent, & puis deux lignes plus bas, échauffent & desséchent.

On fait au caffé un reproche que nôtre Auteur ne peut supporter, & qu’il appelle un reproche atroce & interessant. C’est de refroidir les cœurs, au point d’être un obstacle à la propagation. Le reproche est mal fondé ; mais la maniere dont nôtre Auteur le repousse, est digne de la curiosité des Lecteurs. Il dit que cette accusation est injuste, & qu’il n’y a rien au contraire de si propre que le caffé, pour préparer les filles à devenir femmes, & les femmes à devenir meres. Il remarque même un peu plus haut, que le caffé fait bondir les ché-

  1. pag. 493 de la 1e. édit. & p. 337. de la 2e. tom. 2.