Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/60

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huile appliquée aux temples, dispose au sommeil ; & mise sur le nombril des enfans, elle appaise leurs trenchées. L’Auteur du Traité des Dispenses se déclare fort contre la muscade, & pour la faire craindre, il remarque que certains oiseaux qui en mangent, païent soudainement le prix de leur friandise, en tombant yvres, & devenant par ce moïen la pâture des fourmis. Cette observation est fondée sur une Histoire vraïe ou fausse, qu’il ne rapporte pas, & que voici. On dit que les oiseaux de Paradis aiment extrêmement la muscade, mais que lorsqu’ils en ont mangé, ils tombent comme morts sur la place, & qu’aussi-tôt les fourmis, dont le païs est plein, leur viennent dévorer les pieds, d’où il arrive qu’on ne voit point de ces oiseaux avec leurs pieds : ce qui a fait croire à quelques Auteurs que l’oiseau de Paradis étoit naturellement sans pieds. Nôtre Auteur effraïé de cette Histoire, propose comme une leçon à tous ceux qui aiment la muscade, le terrible sort de l’oiseau de Paradis. Mais sans examiner si le fait est vrai, supposons-le tel, & voïons si ce qui est pernicieux ou salutaire à certains animaux, doit l’être tout de même à l’homme. La noix vomique est poison pour les chiens, & ne l’est pas pour