Page:Andry de Boisregard - De la Génération des vers, 1741, tome II.djvu/125

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Si l’on y fait réflexion, on verra que le vin a dérangé bien des cerveaux, qu’il a abruti bien des gens d’esprit, & souvent changé en férocité les mœurs les plus douces. Aussi les personnes les plus sages ont toujours été sobres sur le vin. Démosthene dont nous venons de parler, n’en buvoit point, & on l’appelloit le buveur d’eau, comme il le témoigne lui-même sur la fin de sa seconde Philippique. Ciceron en buvoit très-peu aussi ; en effet, le vin peut fournir quelques bons mots, il rend pour l’ordinaire les gens agréables dans les repas, il donne de la facilité dans les conversations, ainsi que le remarque le même Ciceron[1]. Mais, comme l’insinue si bien cet Auteur, il y a une grande différence entre ce qui fait un homme de compagnie, & ce qui fait un homme grave & sensé. Lors donc que je conseille ici le vin contre les Vers, je prétends qu’on en use sobrement, & qu’on le regarde comme un breuvage sur lequel il faut grandement se ménager. Du reste,

  1. Cicer. pro Cælio, versus finem.