Page:Andry de Boisregard - De la Génération des vers, 1741, tome II.djvu/449

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fecte la masse du sang, avec laquelle il se mêle ; le sang agité par les esprits fougueux que l’air y a portés, fait effort pour les éloigner, & se trouve la victime de mille mouvemens séditieux, dont il n’est point la cause. Le chatouillement qu’excite dans le nez cette herbe funeste, qui a tellement triomphé de la liberté des hommes, qu’ils ne sont plus maîtres de s’en passer, peut être appellée avec raison, une seconde Venus. Mais comme la volupté que fait goûter la premiere, est appellée par les Anciens, une courte épilepsie, on peut dire que celle qui se trouve dans l’usage du Tabac, est une longue & presque continuelle épilepsie. Car la membrane délicate des narines, sans cesse picotée par les sels âcres de cette poudre, transmet son mouvement jusqu’aux membranes du cerveau, & par une dépendance nécessaire, secoue toutes les parties nerveuses du corps & des viscéres ; ce qui arrive si souvent, que dans la suite la moindre occasion suffit pour réveiller dans ces parties le mouvement auquel elles