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Il est mort ; sa maison, sa cité ne sont plus ;
Le corps qu’il chérissait, vagabonde poussière,
Enlevé par les vents aux tombeaux vermoulus,
Poudroie aux creux mouvants d’une lointaine ornière ;

Et pour lui, son nom même a coulé dans l’oubli.
Mais du moins ce qu’il eut de plus rare en lui-même,
Son amour, ne fut pas, comme eux deux, aboli,
Et vit toujours exquis en sa grâce suprême.

Nous rêvons immortel le visage adoré,
Soudain l’immense voix des choses est muette,
La mort calme se clôt sur la vie inquiète,

Notre rêve n’est plus qu’un rien évaporé.
Heureux, heureux celui qui, par son art sacré,
Fait durer son amour dans une statuette !