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y trouve corroborés maints détails de sa vie ou de ses souvenirs, l'esca- beau du repentir, les contes merveilleux de la vieille commère, la supers- tition religieuse, l'intervention des esprits diaboliques.

Le bavardage amical commence qiiaud le souper est fini ;

Le gobelet qui réjouit les fait parler aisément Des rayons et des averses d'été, des duretés de l'hiver, Dont le déluge a gâché autrefois le produit de la ferme. A propos de l'église, du marché, leurs histoires continuent : Comment, ici, Jock a courtisé Jenny, comme sa promise. Et, comment, là, Marion, à cause de son bâtard, A été forcée de monter sur l'escabeau de pénitence, Et de subir la dure réprimande de notre Révérend Joho.

Il n'y a plus un murmure parmi la marmaille, Car leur mauvaiseté est partie avec leur faim. Il faut bien que les enfants dont la bouche crie famine Grognent et pleurent et fassent du tapage. Les voici en cercle autour de la flamme du foyer ; Là, grand'mère leur raconte des histoires du vieux temps, De sorciers dansant autour d'un fantôme. De fantômes qui habitent dans les glens et les cimetières redoutables ; Cela leur brouille toute la tète et les fait frissonner de peur.

Car elle sait bien que les démons et les fées Sont envoyés par les démons pour nous attirer à notre perte ; Que des vaches ont perdu leur lait par le mauvais œil, Et que le blé a été brûlé sur le four allumé. Ne vous moquez pas, mes amis, ayez plutôt pitié. Vous qui êtes au gai printemps de la vie, où la raison est claire ; Avec la vieillesse nos vaines imaginations reviennent, Et obscurcissent nos jours décrépits de terreurs enfantines ; L'esprit revient au berceau quand la tombe est proche i.

Vers la fin de la soirée, le fermier va s'asseoir sur le long banc de bois qui, dans les vieilles fermes, était collé au mur. Le chat et le chien viennent près de lui ; il leur jette quelques miettes de fromage. Les gars arrivent lui demander les ordres pour le travail du lendemain. Enfin toute la maison, maîtres et serviteurs, s'en vont dormir jusqu'à ce qu'ils soient réveillés par « l'éclat rouge de l'aurore ».

taix au laboureur et à sa race, Dont le travail vainc nos besoins d'année en année ! Puissent longtemps son soc et son coutre retourner la terre, Et les rangs de blé se pencher sous de lourds épis ! I*uissent les étés de l'Ecosse être toujours gais et verts, Et ses jaunes récoltes être protégées des maigres rafales ! Puissent tous ses tenanciers s'asseoir à l'abri, dans le bien-être, Déli^Tés de la dure serre de la maladie et de la pauvreté ! Puissent, en un long et durable cortège, les heures paisibles se succéder î *

  • The Farmer's Ingle.