Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/27

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terre ^ Gavin Douglas, évêque de Diinkeld, (1474-1522), donna une traduction de Y Enéide. C'était la première translation en vers d'un ouvrage classique, sauf les Consolations de la Philosophie, de Boece, « qui mérite à peine ce titre o^. Surrey lui a emprunté plus d'un passage, dans sa tra- duction des ir et iV® livres de V Enéide^. Les œuvres de Sir David Lindsay (1490?-1555), le Songe, la Plainte de l'Ecosse, où il expose les malheurs de son pays, sont de longs poèmes satiriques et politiques, mélangés de visions et d'allégories, un peu dans le genre des Tragiques de notre grand Agrippa d'Aubigné, sans sa puissance de vision et de colère. Sa Satyre des Trois-Eiats , si curieuse en tant qu'elle est le premier spécimen du drame en Ecosse *, est une moralité qui contient un mélange de caractères réels et allégoriques ^, et reste dans les intentions générales de ces œuvres. Les petites pièces lyriques amoureuses d'Alexander Scott, (vers 1562) ; le poème d'Alexander Montgomery (1535?-1605?), la Cerise et la Prunelle, qui « commence comme une allégorie d'amour et se termine en honnête morale * », sont dans le ton de leur époque. Les sonnets du comte d'Ancram, ceux du comte de Stirling, sont dans le goût des sonnets de Surrey et Sidney. Tous deux vécurent d'ailleurs à la cour de Londres, avec Jacques I et Charles I. Drummond de Hawthornden (1585-1649), l'ami de Ben Jonson, à qui celui-ci alla rendre visite, à pied, de Londres à Edimbourg ', est un poète d'éducation classique et d'inspiration cosmo- polite, comme beaucoup des hommes de la Renaissance. Au xviii® siècle, le mélange des deux poésies est encore plus parfait. Des poèmes comme les Saisons, de Thomson, la Tombe, de Blair, le Ménestrel, de Beattie, sont purement anglais. La poésie anglaise a provigné dans un autre sol, et produit des rejetons qui, avec un léger goût de terroir, tiennent à elle. Ce n'est pas dans cette partie de la poésie écossaise qu'il faut chercher les influences qui ont agi sur Burns. Il ne connaissait guère les plus anciens de ces poètes, et ceux, plus récents, qu'il a admirés, comme Thomson, n'ont pas laissé de traces sensibles dans ses oeuvres.

Mais au-dessous de cette poésie de lettrés, il existait une poésie popu- laire, très abondante, très drue, très savoureuse, très originale. Elle était sortie du sol ; elle traitait des sujets indigènes dans le langage indi- gène, c'est-à-dire dans la variété dialectique anglaise « qui régnait

1 Th. Warton. History of English Poelry, section xxx, p. 491.

2 Id. section xxxi, p. 506.

3 David Irving, History of Scolish Poetry, p. 285.

4 Id. p. 363.

5 Id. p. 372.

6 The Book of Scottish Poems, by J. J. Ross, p. 324.

'^ Voir, sur ce curieux voyage de Ben Jonson, le chapitre vi, dans le très intéressant livre de David Masson : Drummond of Hawthornden.