Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/288

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Il y a là un coin absolument ravissant de fraîcheur, de naturel, et de réalité embellie. A vrai dire, les poètes ont de tout temps aimé à placer l'amour au milieu de riantes descriptions. Ils semblent percevoir confusé- ment que cette passion est la même force par laquelle le monde palpite, et que, dans ses profondeurs, elle a des rapports avec la sève qui chaque année renouvelle la parure de la terre. Quand il a cessé d'exister ailleurs, le sentiment de la nature s'est encore conservé dans les poésies amoureuses. Nulle part, cette union n'a été plus constante que dans la littérature anglaise. Burns y a réussi autant qu'aucun autre. Tout naturellement, ses scènes d'amour se placent parmi les fleurs et les ombrages.

Ce n'était pas pour Burns un artifice de poète, un cadre factice. Ses jeunes amours avaient été des amours de paysan, tout faits de rendez-vous dans les champs, de travail côte à côte pendant les moissons, ou de rencontres sur les grands moors déserts où la solitude amène le bonjour et un bout de causerie. Ces intrigues campagnardes ont toujours un fond de paysage à peine indiqué.

La lune descendait à l'ouest,

Avec un visage pâle et effaré,

Quand mon beau gars, tisserand de l'ouest

Me reconduisit à travers le vallon i.

Un thème inépuisable, parce qu'il correspondait à la réalité, sont ces rencontres , soit dans les blés où l'on se croise en ces étroits sentiers qui passent par les champs , soit dans les bruyères. Les épis hauts sont favorables :

En revenant par les orges, pauvre quelqu'un, En revenant par les orges, Elle a sali tout son jupon, En revenant par les orges.

Oli ! Jenny est toute mouillée, pauvre quelqu'un, Jenny est rarement à sec ; Elle a sali tout son jupon, En revenant par les orges.

Si quelqu'un rencontre quelqu'un,

En revenant par les orges ; Si quelqu'un embrasse quelqu'un,

Faut-il que quelqu'un crie ?

Si quelqu'un rencontre quelqu'un,

En revenant par le vallon, Si quelqu'un embrasse quelqu'un.

Faut-il qu'on le sache ? ^

1 My Hearl was ance as blithe and free.

2 Corning through the Rye.