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qu’il était en relation avec d’importantes maisons de Montréal, de New-York et de Londres.

Un jour que M. Pozer se promenait sur la place du marché de la Haute-Ville, dans une tenue plutôt négligée, une dame l’apercevant le prit pour un pauvre homme, et, l’accostant, le pria de lui porter un panier rempli de légumes qu’elle venait d’acheter.

Le millionnaire, qui la reconnut comme une de ses débitrices en retard, sourit, et s’empara du fardeau qu’il porta allègrement jusqu'à la porte de la résidence de sa locataire, qui, pour le récompenser, lui offrit un chelin. "Gardez votre argent", dit M. Pozer d’un air narquois, "vous vous en servirez pour payer le loyer que vous me devez."

Malgré sa grande économie, M. Pozer laissa des admirateurs, car, quelques années après sa mort, le "Morning Chronicle" publiait cet article :

"Quels sont les gens qui, vivant à Québec dans les années précédant 1848, ne se rappellent du "Vieux Pozer" ?. Il fut le premier homme important de l’époque qui fût inhumé dans le cimetière Mount Hermon. Nous ne pouvons pas comprendre comment il se fait qu’il fut surnommé l’Avare, car il ne méritait certainement pas ce nom méprisant. Nous osons dire que le sobriquet lui fut donné par des envieux et des jaloux ; ce terme de mépris était loin de lui convenir. Il peut avoir été parcimonieux et excessivement économe, mais il n’était pas "avare". Il avait plutôt bon coeur et était compatissant.

"M. Pozer, très grand propriétaire foncier, possédait plusieurs centaines de maisons dans la ville. Il fut le meilleur et le plus indulgent des propriétaires de Québec. On sait qu’il n’a jamais poursuivi pour loyer. Si un locataire ne pouvait pas payer, Pozer le laissait partir en paix et ne lui causait aucun ennui. Il n’y avait pas, non plus, dans la ville un homme meilleur et plus doux pour les ouvriers auxquels il donnait continuellement de l’ouvrage. Il les traitait avec justice et leur payait toujours les gages les plus élevés,- ce que beaucoup de monde ne fait pas aujourd’hui, tout au contraire, bien des gens sont heureux s’ils peuvent employer à vil prix les mal-