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L’ACTIVITÉ INDUSTRIELLE DE L’ALLEMAGNE

L’industrie allemande continue — c’est là son côté vulnérable — à souffrir du manque de fonds de roulement ; la hausse des salaires absorbe les disponibilités qui se créent et elle empêche la réduction des frais généraux.

Ainsi la réorganisation industrielle n’atteint pas son but essentiel : l’abaissement du coût de la production. Dans une pénétrante étude consacrée à la politique financière de l’Allemagne[1], le professeur M. Bonn se demande amèrement si c’est vraiment un succès de la rationalisation, entreprise avec force capitaux étrangers, que de faire apparaître des élévations de prix dans la métallurgie, — « une industrie qui, après la guerre, a procédé à une première rationalisation grâce aux indemnités reçues de l’État, une industrie qui a tiré profit de l’inflation par l’amortissement de ses dettes et l’établissement de salaires minimes, une industrie qui, grâce à la prohibition d’exportation des ferrailles, a disposé d’avantageuses matières premières, une industrie enfin qui a exercé sur le marché intérieur un monopole à l’aide des cartels et du protectionnisme ».

Pourtant la rationalisation est loin de n’avoir eu que des effets négatifs ; elle est très avancée dans beaucoup d’industries ; son importance économique et technique pour l’Allemagne, et pour l’avenir surtout, est considérable. On aura une idée des progrès accomplis en parcourant une récente publication de la Reichskreditgesellschaft[2] qui a groupé les renseignements fournis à ce sujet par les rapports de soixante-dix grandes sociétés allemandes, dont le bilan annuel global dépasse 37 milliards de marks.

Améliorations matérielles apportées aux exploitations, spécialisation de la production, réorganisation de la vente, accroissement du rendement ouvrier ; dans tous ces domaines, des résultats remarquables ont été obtenus par les principales industries grâce à une action méthodique. Sans doute, le succès n’est pas égal pour toutes les branches de l’activité ; mais partout c’est le même spectacle et aux efforts, qui ne sont pas ménagés, répondent des réalisations favorables, parfois impressionnantes.

Deux exemples vaudront mieux qu’une accumulation de faits et de chiffres. Dans les houillères rhénanes-westphaliennes, le rendement ouvrier a doublé depuis 1922 et dépasse de 20 p. 100 les chiffres de 1913 : 943 kilogrammes par jour en 1913, 550 en 1922, 1 128 en 1928. Dans la métallurgie de la Ruhr, l’ouvrier qui fabriquait par jour 940 kilogrammes de fer en 1913, 622 en 1922, en fabrique 840 en 1925, 1 017 en 1926. Le professeur Julius Hirsch, qui a été secrétaire d’État au Ministère de l’Économie publique de 1919 à 1922,

  1. Befreiungspolitik oder Beleihungspolitik, Berlin, 1928.
  2. Deutschlands wirtschaftliche Entwicklung im ersten Halbjahr 1927, Berlin, 1928.