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CHAPITRR IV


Une fille de pasteur dans une petite paroisse.
« L’abbaye de Northanger ». Le départ de Steventon.


La correspondance de Jane Austen va de 1796 à 1816. Entre ces deux dates, les lettres — ou du moins celles qui nous restent — s’espacent de la façon la plus irrégulière. Au cours d’une même année, si Cassandre Austen est chez son frère Edward à Godmersham ou à Chawton, ou si Jane est absente de la maison paternelle, les lettres se succèdent à quelques jours d’intervalle et forment une sorte de récit où l’on peut suivre, dans le plus menu détail, les occupations de chaque journée. Puis, au moment où les deux sœurs se retrouvent, la correspondance cesse pour reprendre quelques mois, ou même un ou deux ans plus tard, à l’occasion d’une nouvelle absence de Jane ou de Cassandre. De septembre 1796 à octobre 1798, le recueil de Lord Brabourne ne contient pas une lettre. Aussi en est-on réduit à imaginer ce que fut la vie de Jane Austen pendant les années dont les loisirs furent occupés par la composition d’« Orgueil et Parti pris » et de « Bon Sens et Sentimentalité ».

En octobre 1798, Jane Austen revient à Steventon après un séjour à Godmersham Park, tandis que Cassandre reste chez Mr. Edward Austen-Knight et passe chez lui une partie de l’hiver. Les lettres de cette époque contiennent, en même temps qu’une sorte de journal de la vie au presbytère, quelques traits nouveaux du caractère de Jane Austen et quelques indications précieuses sur ses goûts. Les descriptions de bals et de toilettes n’y manquent pas, non plus qu’en 1796, mais la jeune fille ne semble plus leur attribuer une importance capitale. « Il y aura un bal à Basingstoke jeudi prochain, écrit-elle en novembre. Nos assemblées ont périclité avec le tact le plus parfait depuis que nous avons supprimé notre voiture, si bien