Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gothique avec des salles voûtées, des cloitres, des passages souterrains, des chambres secrètes et, peut-être, des ossements blanchis dans quelque recoin d’une pièce aujourd’hui abandonnée et jadis théâtre de sombres et sanglantes tragédies. Henry Tilney est pasteur d’une paroisse voisine de Northanger. Il vient voir son père et sa sœur avec d’autant plus d’empressement qu’il sait rencontrer auprès d’eux cette gentille Catherine dont la naïveté et même la sottise l’ont charmé. L’amour ne fait pas oublier à Catherine qu’elle doit profiter de son séjour à Northanger pour pénétrer quelques-uns des « redoutables secrets » que, au dire de Mrs. Radcliffe, toute demeure gothique ne peut manquer de cacher. Au prix de mille peines, elle parvient à ouvrir un petit cabinet de laque placé dans sa chambre. Elle fait jouer les ressorts d’un tiroir secret. Sa main tremblante rencontre une liasse de vieux papiers, elle la déroule ; son œil avide parcourt rapidement une page, puis une autre encore : les précieuses feuilles sont de vieilles notes de blanchissage auxquelles a été jointe, par une déplorable erreur, une facture de vétérinaire. Ce premier échec ne décourage pas Catherine. Elle est résolue à découvrir, à défaut d’oubliettes ou de documents mystérieux, une chambre écartée où, elle en est persuadée, le général Tilney, soi-disant veuf depuis bien des années, doit séquestrer sa malheureuse femme. Henry Tilney surprend un jour Catherine à la recherche de la chambre fatale. Il devine à ses explications embarrassées, le motif qui l’a poussée à explorer une aile inhabitée de l’abbaye. Il lui fait sentir combien il est inutile de vouloir trouver chez d’honnêtes gens, à l’esprit sain, aux mœurs adoucies par des siècles de civilisation, les exemples de cruauté dont les romans de Mrs. Radcliffe sont remplis. Catherine reconnaît maintenant et déplore sa sottise. Mais le général, apprenant que Catherine n’est pas une riche héritière, renvoie la jeune fille chez ses parents. Dès qu’il apprend le départ de Catherine et le motif qui a dicté la conduite de son père, Henry se rend chez les parents de la pauvre