Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/222

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fond de sa pensée. La petite méditation, mi-sérieuse, mi-humoristique, à laquelle elle se laisse aller en décrivant les perplexités de Catherine à la veille d’un bal, est un amusant commentaire sur l’amour presque exagéré des chiffons que trahit chaque page de sa correspondance. « La robe et la coiffure qu’elle allait porter devinrent la grande préoccupation de Catherine. On ne saurait en cela excuser sa conduite. La toilette est, en toute occasion, une très frivole manière d’attirer l’attention et, parle souci exagéré de sa parure, on passe souvent à côté du but qu’on se proposait d’atteindre Le manque de temps seul empêcha Catherine de s’acheter une nouvelle robe pour ce bal, ce qui aurait été une erreur de jugement aussi grave que commune et contre laquelle une personne de l’autre sexe, un frère plutôt qu’une grand’tante, aurait pu la mettre en garde. Car il faut un homme pour mesurer l’indifférence des hommes à l’égard d’une nouvelle robe. Ce serait blesser grandement les sentiments de la plupart des dames que de leur faire comprendre combien le cœur masculin est peu sensible à ce qu’il y a de coûteux ou de nouveau dans leur parure, combien ce cœur reste de glace devant la texture d’une mousseline et combien il est peu enclin à éprouver la moindre tendresse à l’égard du linon à pois ou à fleurs, de la mousseline des Indes ou du jaconas. Une femme se fait belle uniquement pour sa satisfaction personnelle. Pas un homme ne l’en admire plus, pas une femme ne l’en aime davantage. Une toilette soignée et au goût du jour suffit à l’un, un petit air vieillot ou démodé sera ce que l’autre appréciera le mieux. Mais aucune de ces graves réflexions ne troubla la tranquillité de Catherine ». [1]

Quelques pages plus loin, c’est une ironique remarque sur la façon dont les hommes jugent les femmes et sur les cpialités qu’ils estiment en elles : « Si, pour la majeure et la moins sérieuse portion du sexe masculin, la bêtise des femmes sert à mettre en valeur le charme de leur personne,

  1. L’Abbaye de Northanger. Chap. X.