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de personnes, dansant dans les « Upper rooms » de Bath ! Après le thé, nous avons retrouvé un peu d’animation. Des autres bals de la ville nous sont arrivés alors des quantités de gens. Bien que la réunion soit demeurée très clairsemée, elle était pourtant assez nombreuse pour suffire à quatre ou cinq de nos assemblées habituelles de Basingstoke ».[1] Malgré la variété de ses occupations et le charme de la vie à Bath, Jane Austen se sent par instant un peu dépaysée : « Je ne sais pas pourquoi je ne peux plus trouver les gens agréables. Je respecte Mme Chamberlayne parce qu’elle est coiffée à la perfection, mais ne peux éprouver de sentiment plus tendre ». Le secret de son malaise réside peut-être dans le passage trop brusque de la tranquillité de Steventon à une existence agitée. Elle aime à parler de ce Steventon si joyeusement abandonné et donne souvent à sa sœur des nouvelles du presbytère où le révérend George Austen reste encore pour régler ses affaires, vendre le mobilier de la maison et le bétail de la ferme. Avec les dîmes et les revenus de ses bénéfices, il a près de six cents livres sterling par an, ce qui assure à sa famille une large aisance, et de plus, la vente qu’il est en train de faire donne des résultats très satisfaisants. Jane déclare à Cassandre que dix guinées pour son piano lui semblent un prix très convenable. Seule la bibliothèque du pasteur se vend très difficilement. Un homme « détestable » n’a pas évalué à plus de soixante-dix livres sterling les cinq cents volumes qu’elle contient. Mais Jane se console de ce désappointement à la pensée qu’on offre à son père dix shillings pour les ennuyeux poèmes de Dodsley. « Dix shillings pour les poèmes de Dodsley, voilà qui me touche au vif. À ce prix-là je les revendrai volontiers autant de fois qu’on voudra ! »[2]

En quittant Steventon, les Austen s’étaient promis de faire chaque été un séjour au bord de la mer. Une lettre d’Eliza Austen à Philadelphie Walter, datée du 29 octobre

  1. Lettres. 12 mai 1801.
  2. Lettres. 21 mai 1801.