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de Highbury, ne cherchera pas à arriver plus haut. S’élever de la classe moyenne, d’un milieu de bourgeois ou de marchands enrichis à celui de la petite noblesse de province est assez pour satisfaire même une Mme Elton. Le « snob » qui tient à honneur de connaître des gens titrés, qui fait des bassesses pour être reçu chez eux et supporterait tous les affronts plutôt que de renoncer à fréquenter « the nobility » n’est qu’une exception dans la société que dépeint Jane Austen. Ce sera seulement quelque vingt ans plus tard, au début d’un règne qui voit le triomphe de l’esprit bourgeois, que le « snob » deviendra un type assez répandu pour être étudié par Thackeray sous tous ses aspects dans le fameux « Livre des Snobs ». Tout au plus pourrait-on trouver chez le Révérend Mr. Collins et chez Sir Walter Elliot quelques exemples de cette plate adulation de la haute aristocratie qui forme le trait caractéristique du « snob » anglais. Mr. Collins parle avec une profonde vénération de la « condescendance » de Lady Catherine de Bourgh parce que cette noble dame, sans même qu’il l’en ait priée lui a conseillé de se marier et de choisir pour femme une jeune fille de bonne famille : « Prenez une femme bien née, pour ma propre satisfaction autant que pour la vôtre ; trouvez une jeune personne active, qui sache se rendre utile, qui n’ait pas des goûts de luxe ou dépense… Vous ramènerez à Hunsford et je vous promets de la recevoir ». Sir Walter Elliot, si fier qu’il soit de son titre de baronnet, professe un touchant respect pour tous ceux qui ont le bonheur d’avoir un rang plus haut encore. Pour renouer des relations avec une parente éloignée, la vicomtesse Dalrymple, il écrit une longue lettre de flatteries, de compliments, de respects, et, lorsqu’il reçoit en retour les cartes de la vicomtesse douairière et de « l’honorable Miss Carteret » sa fille, il met ces cartes bien en vue et parle de ses nobles cousines à tous ses visiteurs.

Que sont d’ailleurs ces nobles dames en dehors de la valeur de convention que leur procure leur titre ? Le coup