Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/345

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Walter ! Il ne put cependant échapper aux compliments qu’il méritait. Sa fille et Mme Clay insinuèrent toutes deux que le compagnon du colonel Wallis avait sans doute une tournure aussi agréable que celle du colonel et, certes, n’avait pas des cheveux carotte ». La sollicitude paternelle du baronnet ne se manifeste à l’égard de sa seconde fille qu’en une seule et mémorable occasion. Lorsqu’elle revient d’un séjour au bord de la mer, il la félicite d’avoir embelli et surtout d’avoir un teint d’une remarquable fraîcheur. Puis il lui demande, avec le plus grand sérieux, de quelle lotion elle a fait usage.

Parmi les privilèges d’un « squire » ou d’un châtelain maître de beaux domaines, il en est un qui prime tous les autres : la chasse. Le grave Sir Thomas Bertram, à son retour en Angleterre, oublie presque sa colère à voir sa maison remplie d’étrangers lorsque son fils lui raconte adroitement qu’on a respecté le gibier en son absence : « Je ne suis pas sorti avec mon fusil depuis le 3 octobre. Le premier jour, je suis allé au bois de Mansfield, et Edmond a battu les taillis au delà d’Easton. Nous avons rapporté douze faisans à nous deux et nous aurions pu en tirer six fois plus, mais nous avons respecté votre bien. Vous ne trouverez pas, j’espère, les bois moins giboyeux qu’à l’ordinaire ».

Après une matinée passée à la chasse à courre ou à tirer faisans et lièvres, un gentilhomme campagnard rentre chez lui pour raconter au reste de la maisonnée les aventures, les déboires et les succès de sa journée. S’il est d’esprit borné (ce qui arrive assez souvent), il ne doute pas un instant que son récit ne procure à son auditoire la même joie qu’à lui-même. Il ne soupçonne pas combien l’éternelle répétition de prouesses de chasse a peu d’attraits pour des oreilles féminines. « Sans personne autre que Mr. Rushworth auprès d’elle et condamnée à l’entendre raconter chaque jour en détail le résultat bon ou mauvais de sa chasse, à l’entendre se vanter du flair de ses chiens, exprimer naïvement sa jalousie à l’égard de ses voisins.