Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/356

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« genlleman » n’a pas besoin de se recommander par son savoir théologique ou son zèle envers l’Église établie : il lui suffit de porter le nom d’une des bonnes familles du diocèse, témoin ce Benjamin Lefroy qui épousa en 1816 une nièce de Jane Austen et qui, pour son examen d’ordination, eut à répondre aux deux questions suivantes : n’était-il pas le fils de Mme Lefroy d’Ashe, et n’avait-il pas épousé une Miss Austen. Les pasteurs du « Château de Mansfield », d’« Orgueil et Parti pris » ou de « L’abbaye de Northanger », sont infiniment supérieurs par la dignité de leur vie, leur éducation et leur naissance, aux figures touchantes, odieuses ou simplement grotesques que nous voyons sous la houppelande noire du clergyman dans les romans de Richardson, de Fielding et de Goldsmith. Ils appartiennent à une classe plus élevée que leurs pareils de la génération précédente, et, de ce fait, sont plus indépendants. S’ils ne sont pas riches, ils vivent du moins dans une aisance qui aurait semblé la fortune à un Parson Adams, à un Trulliber ou à un Square.

Depuis le commencement du xviiie siècle et à mesure que s’est établie la coutume de réserver aux cadets de leur famille les bénéfices ecclésiastiques dont disposent les grands propriétaires, le clergyman a cessé peu à peu d’être un humble subordonné, un parasite admis à prendre place au bas bout de la table du châtelain. Il appartient de plus en plus fréquemment à la « gentry ». Le « squire » dont il est souvent le parent n’est plus pour lui un bienfaiteur, mais un débiteur qui, en le nommant recteur de telle ou telle paroisse, s’est acquitté envers lui d’une dette. Lorsque le seigneur ou la dame du village n’ont avec lui aucun lien de parenté et qu’il doit sa situation à leur bienveillance ou à leur générosité, il n’est cependant pas tenu vis-à-vis d’eux — puisqu’il est lui-même un « gentleman » — à garder l’attitude d’un inférieur. Il est reçu à leur table en invité et traité en égal. Le révérend Collins, qui annonce à ses cousins son intention de manifester toujours la plus respectueuse gratitude envers Lady Cathe-