Page:Annales de la propagation de la foi, Tome 19, 1847.djvu/760

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l'avantage qu'il avait eu dans cette affaire, et espérant réparer sa disgrâce passée en accroissant l'autorité de son maître, se portait sans cesse à de nouvelles prétentions, et toujours sous prétexte de protéger le grand Lama. Lorsqu'il eut appris notre arrivée, il voulut d'abord engager le Régent lui-même à nous faire partir ; mais celui-ci refusa nettement, alléguant que le Thibet, loin d'être fermé aux étrangers, servait surtout d'asile à ceux qui, comme nous, s'occupaient de questions religieuses. Le Mandarin, espérant convaincre S'Hyadja-Kaloum de la nécessité de nous expulser, s'il nous trouvait porteurs d'objets suspects parmi ces peuples, tels par exemple que des cartes géographiques, fit prendre et déférer à son tribunal tous nos effets, pour en faire l'inspection. Mais Dieu se servit de cette occasion même pour publier solennellement sa doctrine à H'Lassa. Nous déployames nous-mêmes nos ornements de Messe, notre Missel, notre calice, nos Bréviaires et nos images, et pour en expliquer l'usage, nous exposions aux yeux de l'assemblée tout l'ensemble des vérités chrétiennes. Nous ne permîmes à personne, pas même à Khy-Chen, de toucher à rien : nous tenions nous-mêmes les objets pour les faire voir aux examinateurs ; et lorsqu'ils étendaient le bras pour s'en saisir, nous les arrêtions en leur disant: « Prends garde ; si tu y touches avec tes mains impures, tu seras puni de Dieu. »

Cette première tentative de Khy-Chen ne tourna donc qu'à notre avantage, et nous espérâmes pendant quelque temps n'avoir plus rien à redouter de sa malveillance ; mais au bout de quelques jours il revint à la charge, et nous intima nettement l'ordre de partir, sous prétexte que nous étions étrangers et prédicateurs d'une Religion réprouvée par les lois. Nous commençâmes alors une véritable lutte avec le Mandarin,