Page:Annales de la propagation de la foi, Tome 19, 1847.djvu/770

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le genou devant vous. » Ce refus et l'air de fermeté qu'ils nous voyaient, les déconcertèrent au point qu'ils restèrent longtemps indécis et ne sachant quel parti prendre ; enfin ils n'insistèrent pas et procédèrent à l'interrogatoire. Qui êtes-vous ? nous demandèrent-ils : quel est le but de votre entrée en Chine ? Nous répondîmes catégoriquement et avec force que nous étions Prêtres de la Religion chrétienne, venus en Chine pour l'y prêcher ; que notre pays était la France. Ils insistèrent beaucoup pour savoir qui nous avait servi de guide pour pénétrer dans l'empire, quels lieux nous avions habités, et quelles familles nous avaient donné asile, A ces questions, nous tournant vers celui des juges qui mettait le plus d'ardeur à nous presser, nous lui dîmes d'un ton résolu que nous étions venus en Chine de nous-mêmes, sans y avoir été invités par personne ; que nous y avions séjourné à nos frais, et que nous étions seuls responsables de nos démarches ; que leurs efforts pour obtenir de nous des dénonciations, étaient vains, et que nous n'en ferions jamais. Après un instant de silence, un Mandarin eut l'impudence de nous adresser une question outrageante pour la morale chrétienne : M. Huc, qui se trouvait vis-à-vis de lui, prit la parole d'un air grave et indigné, et, avec un geste imposant, lui fit une réponse qui le couvrit de confusion. Cet incident fut la clôture de la séance.

Après un jour d'intervalle, nous fûmes conduits au tribunal du vice-roi pour y entendre décider notre sort : il s'agissait, ou de nous envoyer à Pékin pour être livrés au tribunal des supplices, ou de nous conduire à la frontière pour être remis ensuite entre les mains du consul de notre nation. Avant de nous introduire devant