Page:Annales de la propagation de la foi, Tome 19, 1847.djvu/771

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le vice-roi, un Mandarin vint nous prévenir que là nous ne pourrions plus nous dispenser de nous mettre à genoux ; mais nous protestâmes encore et avec une nouvelle énergie que nous ne le ferions jamais.

Le vice-roi nous reçut dans une vaste salle d'audience ; il était assis, et nous nous tînmes debout. Il nous fît quelques questions semblables à celles qu'on nous avait adressées deux jours auparavant ; seulement nous remarquâmes qu'il évitait de toucher a celles que nous avions repoussées de manière à confondre nos juges. Il resta ensuite quelque temps à réfléchir, puis nous dit qu'il nous ferait conduire à Canton, et remettre au représentant de la nation française. Avant de nous retirer, nous réitérâmes devant lui les protestations que nous avions déjà faites à H'Lassa, dont la substance est, que nous regardions comme illégale et tyrannique la conduite du délégué chinois à notre égard, et que nous le dénoncerions à notre gouvernement. Après ces paroles, prononcées d'un ton grave et ferme, nous fîmes au vice-roi un salut selon l'usage européen et nous sortîmes.

La capitale du Su-tchuen compte un grand nombre de chrétiens dans ses murs ; mais on faisait une garde sévère autour de nous pour nous empêcher d'avoir aucune communication avec eux. Nous restâmes deux jours dans cette ville, sans qu'il nous fût possible d'en voir un seul ; toutefois, à notre départ, ils se mêlèrent à une foule immense que la curiosité avait attirée sur notre passage, et l'un d'eux, profitant du tumulte, parvint à nous mettre un billet entre les mains sans être aperçu de personne. C'était une lettre d'un prêtre chinois, appelé Philippe Zui, préposé au soin des fidèles de la ville ; il nous donnait avis que la persécution régnait partout avec fureur, et nous retraçait en détail la désolation des chrétientés de la province.