Page:Annales de la propagation de la foi, Tome 19, 1847.djvu/772

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Notre départ de Tching-ton eut lieu sur la fin de juin ; on nous achemina de là vers Canton, d'où nous étions encore, par la route qu'on nous fit prendre, à plus de cinq cents lieues. Après sept à huit journées de marche, nous reçumes encore une lettre, par l'intermédiaire d'un chrétien qui réussit à tromper la vigilance de nos gardes, et en même temps une copie des édits impériaux rendus en faveur de la Religion, à la sollicitation du gouvernement français. La lettre, écrite en latin par un prêtre chinois nommé Matthieu Zieou, nous avertissait, entre autre choses, que dans la ville où nous allions arriver, trois chrétiens avaient été pris et traînés au tribunal pour cause de religion ; qu'après avoir été cruellement battus, ils avaient été, sur leur refus d'apostasier, chargés de chaînes et renfermés dans un horrible cachot. Ce prêtre nous priait d'interpeller le Mandarin et d'exiger de lui la délivrance des trois confesseurs de la foi.

On savait partout que la force avec laquelle nous avions parlé aux juges de la capitale, nous donnait une grande influence sur les Mandarins et nous mettait en position de tout leur dire, même d'user de menaces à leur égard. Arrivés à la ville, nous nous adressâmes donc au magistrat persécuteur, nous lui remontrâmes toute l'injustice de sa conduite, et nous lui fîmes l'exposé des châtiments terribles que Dieu ne manque jamais d'infliger à ceux qui osent combattre son Eglise ; châtiments dont leurs annales offrent une foule d'exemples. Nous voulûmes aussi lui parler des édits récemment publiés pour protéger les chrétiens ; mais il protesta n'en avoir aucune connaissance. Cependant Dieu donna tant d'efficacité à nos paroles, qu'il s'engagea à ne plus molester nos néophytes ; et dès le soir, il mit en liberté les trois confesseurs de la foi.

On nous faisait suivre le cours du grand fleuve