Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 25.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
69
madame de verdelin

L’installation de Mme de Verdelin dans la vallée de Montmorency dut avoir lieu dès les premiers jours d’avril, puisque nous n’avons plus trace de correspondance entre nos deux amis avant le milieu de l’automne, date de son retour à la rue de Vivienne.

La marquise allait trouver Jean-Jacques fort occupé au cours de cet été de 1760. Le philosophe, alors âgé de quarante-huit ans, est à la période de sa plus grande production littéraire. Il achève la « Julie » et s’occupe de son impression. La Correspondance nous donne une longue série de lettres à son éditeur, Rey, d’Amsterdam. Celui-ci n’apporte point toute la diligence souhaitée. Les amis de Rousseau partagent son impatience :

« J’attends que la Nouvelle Héloïse paraisse et je me plains de la lourde lenteur hollandaise », lui écrit le chevalier de Lorenzy[1]. Rey envoie les premières feuilles d’épreuves le sept avril. Les autres se succèdent pendant tout l’été de 1760. Leur correction met Jean-Jacques de mauvaise humeur: « Vous m’envoyez des épreuves pleines de fautes horribles, sur du papier qui boit si fort qu’on n’y saurait écrire, cela n’est-il pas désolant ? ». En même temps, l’écrivain met la dernière main à « l’Emile dont il lit les meilleures pages à la maréchale de Luxembourg, avec moins de succès, semble-t-il, que pour la Julie. Jean-Jacques s’occupe aussi de la querelle de Diderot et de Palissot au sujet de la comédie des « Philosophes » où Diderot était malmené[2]. Il fait inter-

  1. Correspondance générale. T. V, p. 202.
  2. Rousseau n’approuvait d’ailleurs pas la pièce de Palissot. Pour tout remerciement à l’imprimeur Duchesne, il lui retourna l’ouvrage avec ces mots : « En parcourant, Monsieur, la pièce que vous m’avez envoyée, j’ai frémi de m’y voir loué. Je n’accepte