Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 25.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
71
madame de verdelin

Mais Rousseau se tourmente inutilement, la maréchale de Luxembourg et M. de Malesherbes, directeur de la librairie, prendront soin de l’impression.

Au milieu de ses tracas et de ses soucis, Jean-Jacques trouve le loisir de jouer aux échecs avec le prince de Conti qui venait le voir dans son donjon de Montlouis. Il ne néglige pas non plus les visites à Soisy. Il aimait les promenades en tête à tête avec son aimable voisine. L’été de 1760 se passa sans nuage avec elle. Tout au plus devons-nous mentionner un accès de mauvaise humeur, en octobre, à l’occasion d’un modeste présent, fait à Coindet, un ami du philosophe. C’était un singulier homme que ce Coindet. Il réalisait le « modèle même du fâcheux »[1], a dit de lui Emile Faguet. Au reste, une des figures les plus curieuses dans cette galerie des « Confessions ». Génevois d’origine, « le meilleur homme du monde[2] », nous déclare Rousseau, « jeune homme de mérite », dit-il ailleurs, il était employé à la banque Thélusson et Necker, et montrait du goût pour les lettres et les arts. Grand admirateur du philosophe, il s’était chargé de faire graver les estampes pour la « Nouvelle Héloïse » dont Rousseau lui avait donné les sujets[3]. Il ne tarda point de devenir le familier de l’écrivain, tirant profit de cette relation :

« Coindet, entreprenant, hardi jusqu’à l’effronterie et qui se tenait à l’affut de tous mes amis ne tarda point à s’introduire en mon nom chez Mme de Verdelin et y fut bientôt à mon insu plus familier que moi-même… Il se présentait de ma part chez toutes mes connaissances, (76) (77) (78)

  1. Emile Faguet. Les Amies de Rousseau, p. 133.
  2. Correspondance générale. T. VI, p. 49.
  3. Correspondance générale. Lettre à Duclos. T. V, p. 282.