Page:Annales de la société académique de Nantes et de Loire-inférieure - Série 9, vol.3, 1912.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168

rien moins que durables. Au reste, les monstres ne pratiquent aucune des vertus communes à l’espèce humaine.

Dans l’affreuse guerre, qui désola la Vendée, on vit des deux côtés trop de grands et de petits Beilvert ; et dans la répression nécessitée par la révolte, l’horreur dépassa, du côté républicain, tout ce que la raison et l’humanité commandaient. Dugast-Matifeux eut donc raison d’écrire

« Reconnaissons que ces jugements sont bien plus propres à compromettre qu’à servir une bonne cause. Bona, bonis, les bonnes causes par les bons moyens. »

S’il eût mis le mot excès au lieu du mot jugement, il eût certainement proclamé une vérité éternelle.

IV


Nous suivrons notre homme jusqu’en 1818 ; cette période de son existence est encore tellement en dehors de la voie commune, qu’elle mérite d’être rappelée.

Nous reprenons notre récit sous l’Empire ; le baron comte Réal, conseiller d’État, préside comme Préfet aux destinées de la Loire-Inférieure, et la première pièce que nous trouvons au dossier des suspects nous apprend, que Beilvert est tenu pour fort dangereux et activement surveillé. La correspondance, dont il sera l’objet jusqu’à ce que nous le quittions, est tellement importante qu’elle défie la reproduction ; une simple analyse suffira.

Beilvert est toujours habitant de Bouaye, et M. de Biré est devenu maire de cette commune[1] ; ce dernier écrit au baron Réal, en 1809 :

  1. Sous la Terreur, M. de Biré s’était trouvé compromis. La liasse 1321 de la série L contient : 1o une dénonciation contre lui d’un certain Aycard, membre de la société Vincent la Mon-