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SUR LES PRINCIPES
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d’une droite inflexible, et agissant dans la direction de cette droite, sont en équilibre. »

Il est certain que l’équilibre a lieu entre les deux forces ; mais la preuve que l’on en donne, et qui consiste à dire qu’il n’y a pas de raison pour que le mouvement naisse d’un doté plutôt que de l’autre, n’est peut-être pas aussi claire qu’elle pourrait d’abord le paraître. En l’appliquant aux Couples de M. Poinsot ; composés de deux forces égales, parallèles et contraires, on en conclurait que les deux forces d’un même couple sont en équilibre ; car on pourrait dire aussi qu’il n’y a pas de raison pour que le mouvement naisse plutôt dans le sens de l’une de ces forces que dans le sens de l’autre[1]. Si l’on objectait que les momens des forces, par rapport au centre de masse du corps solide auquel on les suppose appliquées pouvant être inégaux, cette inégalité détruit l’identité entre les actions des deux forces, nous objecterions à notre tour que la même inégalité de momens peut exister dans le cas de deux forces égales et contraires, appliquées aux extrémités d’une droite faisant partie d’un corps solide, et agissant dans la direction de cette droite[2]. Les momens des forces, par rapport à un plan normal à leur direction, et passant par le centre de masse du corps, peuvent être inégaux ; ce qui détruit aussi l’identité parfaite que suppose la

  1. C’est aussi là ce qui arrive ; le système n’est alors entraîné dans le sens d’aucune force, ou plutôt il l’est également dans le sens de l’une et de l’autre ; car c’est à cela que revient au fond le mouvement de rotation que ces forces tendent à faire naître.
  2. L’une et l’autre objections me sembleraient être tout au moins prématurées ; on ne peut guère savoir ce que c’est que des momens, ni de quelles propriétés ils jouissent, lorsqu’on n’en est encore qu’à la démonstration du principe dont il s’agit ici. D’ailleurs, encore une fois, loin que la mécanique doive recevoir ses lois de la théorie des momens, cette théorie me semble au contraire devoir être absolument subordonnée aux principes de cette science ; principes au défaut desquels les momens sont et ne peuvent être que des fonctions tout à fait insignifiantes.
    J. D. G.