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ANALISE.

dans tout ce qui précède, que le cas où il s’agit d’enseigner à autrui des vérités déjà découvertes, et dont l’enchaînement est bien connu. Voyons présentement de quelle manière on devra se conduire dans le cas où, au contraire, il s’agira d’ajouter des vérités nouvelles aux vérités déjà découvertes, et d’élever ainsi, de plus en plus, l’édifice de nos connaissances.

14. Ici il se présente deux cas très-distincts ; tantôt, en effet, on n’a d’autre but que de découvrir des vérités nouvelles sans en avoir spécialement aucune en vue ; tandis que d’autres fois, au contraire, l’analogie ou le besoin nous conduit à pressentir quelque vérité dont nous désirons nous assurer, sans savoir précisément à quelle vérité antérieurement établie elle peut se rattacher, ou à désirer la solution de quelque problème, sans connaître de quel problème déjà résolu on peut le faire dépendre.

15. Dans le premier cas, c’est-à-dire, lorsqu’on n’est mu que par le désir vague de parvenir à des vérités nouvelles, ce qu’il y a de mieux à faire est sans doute de tirer des vérités déjà découvertes, toutes les conséquences qui pourront en être déduites, dans l’espoir d’en rencontrer quelques-unes qui soient dignes de remarque ; c’est-à-dire qu’il faut s’abandonner alors à la méthode synthétique. Mais on conçoit que, dans ce cas même, on ne saurait se promettre des fruits précieux de cette méthode si elle n’est employée avec un talent convenable. Elle conduira bien, de quelque manière qu’on l’emploie, à des vérités nouvelles ; mais toutes les vérités nouvelles ne sont point également dignes de remarque ; et il serait fort possible qu’on n’en rencontrât aucune qui valût la peine d’être remarquée. Voilà aussi, sans doute, pourquoi, dans le grand nombre de ceux qui cultivent les sciences, il en est si peu qui leur fassent faire des progrès de quelque importance.

16. Dans le cas où, au contraire, on a besoin de s’assurer, en particulier, de la vérité d’une certaine proposition, ou de parvenir à la découverte d’une chose inconnue ; on ne voit guère d’autre moyen de parvenir au but ; s’il s’agit d’un théorème à démontrer,