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DES SCIENCES.

trement, il est évident que cette dénomination peut tromper ceux qui savent un peu plus de grec que de chimie.

Il est donc très-bon qu’un signe nouveau que l’on introduit dans la langue d’une science ne préjuge rien sur la nature et les propriétés de l’objet qu’il est destiné à représenter ; et on voit par là combien est grande l’erreur de ceux qui veulent que les mots soient en quelque sorte des définitions abrégées, et qui ne permettent l’introduction d’un mot nouveau qu’autant qu’on leur fait voir qu’il est dérivé de quelque autre mot connu ; ils devraient bien nous expliquer enfin quels précieux avantages peuvent résulter de cette pratique ?

VI. Une attention qui n’est pas moins utile dans le choix des signes, c’est qu’ils ne deviennent pas une sorte de barrière qui vienne s’opposer à un développement ultérieur des idées, ou du moins le rendre plus lent ou plus difficile. C’est, par exemple, l’inconvénient qu’auraient eu les notations fluxionnelles de Newton, si elles avaient prévalu sur les notations différentielles de Leibnitz. Il est clair, en effet, qu’aussi long-temps qu’on aurait écrit etc., au lieu de on n’aurait jamais songé à l’expression sur-tout dans le cas où serait supposé fractionnaire ou négatif.

VII. Mais une attention extrêmement recommandable dans le choix des signes, parce que c’est une de celles qui peuvent le plus contribuer à rendre l’étude des sciences facile et à en reculer les limites, c’est d’établir entre ces signes des relations qui soient la peinture fidèle de celles qui existent entre les objets qu’ils sont destinés à représenter ; de telle sorte que les conventions à établir sur l’acception de ces signes se trouvent, pour ainsi dire, réduites à leur plus simple expression. C’est, par exemple, un but qui a été très-heureusement atteint dans la nomenclature des mesures métriques. Dans l’ancien système, en effet, les noms des mesures de chaque série avaient des dénominations propres et indépendantes les unes des autres, qui ne laissaient pas même soupçonner leur rapport de grandeur ; de telle sorte que chaque dénomination ne