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DE LA LANGUE

lettres affectées d’un ou de plusieurs accens, en haut ou en bas, ce qui reviendrait à peu près à ce qu’Euler a pratiqué, dans ses divers écrits sur la musique.

J’ai signalé tout-à-l’heure, dans la figure qu’on donne aux notes, pour indiquer la durée des sons qu’elles représentent, un contre-sens qui consiste à rendre les plus apparentes les notes qui représentent les sons de la moindre durée. Les noms qu’on a donné à ces notes semblent conspirer avec leur figure pour tromper ceux à qui l’écriture musicale ne serait pas familière. Qui, en effet, ne serait pas tenté de croire, par exemple, s’il n’était formellement averti du contraire, que la triple croche a une durée triple ou tout pu moins une rapidité triple de celle de la croche, et pourtant ces deux conjectures seraient également fausses. D’après la manière dont j’ai proposé d’écrire les notes, on pourrait appeler pleines ce qu’on appelle aujourd’hui rondes et donner ensuite aux autres notes, en partant de celle-là, les dénominations successives de demi-pleines ; quarts de pleines, et ainsi de suite.

Les musiciens ont été un peu-plus avisés dans le choix des noms qu’ils ont donnés aux silences que dans le choix de ceux qu’ils ont affectés aux notes, et la plupart de ces noms exprimant bien le véritable rapport des durées. Cependant, pour mettre plus d’analogie et d’uniformité dans les dénominations, et réduire toujours les conventions au plus petit nombre possible, je proposerais d’appeler pause le silence d’une durée égale à celle de la note que je viens d’appeler pleine ; et de désigner successivement les silences d’une durée inférieure par les dénominations de demi-pause, quart de pause, et ainsi des autres.

Il y aurait encore beaucoup à dire, si je voulais parler de tous les autres signes et de toutes les autres dénominations employés dans la musique, des renvois, des reprises, du mouvement des différens airs, etc. ; mais je n’ai pas entrepris décrire un traité complet sur la langue et l’écriture musicales. Je me hâte donc de passer à la langue des nombres et a celle du calcul, qui doivent être le principal objet de cet écrit.